Chroniques lointaines

12 avril 2006

Bruxelles.

Ville magique. Ville d’extrêmes.
J’ai cru pouvoir m’en satisfaire, mais maintenant j’y étouffe, je m’y dessèche.
J’ai cru pouvoir me contenter de petits parcs, de bois lointains, mais j’y suis assoiffée. Et je me prends à attendre avec impatience, comme si ma vie en dépendait, la fin de ces terribles études qui m’ont menée si loin, de ces magnifiques études qui sont sans doute tout ce à quoi je m’accroche, cette passion qui me fait rester ici malgré ce grand gouffre.

Lorsque je retourne dans ma famille, je sens ce vent, cet espace, je sens cette terre sous mes pieds. Mais ma vie, ou est-ce que je la passe ?
Il faut avouer, ce ne sont pas des études faciles. J’ai du boulot à ne plus pouvoir respirer, l’impression d’être une larve, de ne plus avoir de vie, de travailler, travailler sans cesse, et quand ce n’est pas pour l’école, c’est pour gagner ma vie… Mais je suis un peu injuste, car j’ai aussi beaucoup de passions qui me prennent du temps.

Sans doute, lorsque je suis si fatiguée, c’est l’image d’un avenir lointain et que je peux à peine pressentir qui me fait tenir. C’est aussi l’image d’un passé heureux, de ces journées dans l’herbe, de ces bras levés au ciel, l’impression d’être tout, d’être libre, ces runes gravées, ces runes pénétrées, cette danse effrénée. La seule trace que je garde de ces instants, ce sont les feuilles que je porte parfois dans mes cheveux. Je me sens si vide ici, loin de ma campagne. Je suis désespérée rien qu’à l’idée de ne plus pouvoir cultiver et récolter mes plantes durant plusieurs années. Mais je ne suis plus une enfant, je dois grandir et construire ma vie.

Vivre dans une ville, dans une grande ville, m’apprend des milliers de choses chaque jour.
Mais je sais que, mes études terminées, la première chose que je ferai sera de m’en enfuir.

Je vous livre quelques morceaux de l'éblouissante Cat Power (alias Chan Marshall) :

(photo extraite de ce site)